L'avant-première à Dijon de "Where are you going ?" au café les Trois Coups, le 23 août 2008, a été chaleureusement accueillie, avant une discussion à bâtons rompues sur la réunification ferroviaire de la Corée qu'a animée le comité régional Bourgogne de l'Association d'amitié franco-coréenne.
Le samedi 23 août 2008, le café les Trois Coups, 10 rue Condorcet, à Dijon, était plein, pour la projection en avant-première du film de Fabien Adam "Where are you going", suivie d'un débat sur la réunification ferroviaire de la Corée animé par l'AAFC-Bourgogne.
Une manifestation qui avait été minutieusement préparée par le dépôt de flyers depuis un mois dans tous les lieux culturels stratégiques de la capitale bourguignonne, ainsi que par des annonces dans les médias locaux, Internet et journaux papiers.
Un public varié, français et coréen, a participé à la soirée : étudiants - en beaux-arts, communication ou philosophie - actifs ou retraités, tous ont posé de nombreuses questions sur le premier film de Fabien Adam, récit des rencontres nouées tout au long du trajet ferroviaire entre Marseille et Pusan.
Les cadrages soulignant la dynamique du mouvement des trains, ou encore les parallèles brossés entre ce soleil couchant et le jour naissant au-dessus des espaces chinois, font de "Where are you going" un objet cinématographique non identifié. Car si la thématique pourrait relever a priori du film documentaire, les procédés techniques tendent délibérement à la vidéo d'art, dans un récit qui souligne avec brio les parallèles entre les ports de Marseille et de Pusan, situées l'une et l'autre aux confins du continent eurasiatique.
Car comme l'a observé Adrien Gombeaud dans le mensuel de cinéma Positif, "à la fin on retrouve les wagons du début à l’autre bout de la terre. Et, jolie symétrie, Pusan ressemble à Marseille comme tous les grands ports, mêmes gestes, mêmes bruits…".
Mais "Where are you going" n'est pas seulement un documentaire ou une vidéo d'art : c'est un film engagé, qui dans ses dernières scènes soulignent la tragédie de la division de la péninsule coréenne depuis près de soixante ans. Comme il a été rappelé dans le débat qui a suivi la projection, les Coréens du Nord, citoyens d'un régime socialiste, et ceux du Sud, qui vivent aujourd'hui dans un régime de démocratie parlementaire à économie de marché après quarante années de régime autoritaire, ne peuvent pas communiquer librement entre eux. Des millions de familles ont été divisées de part et d'autre du trente-huitième parallèle, ligne de démarcation figée à la fin de la guerre de Corée (1950-1953) devenue une frontière entre deux Etats et deux mondes, toujours techniquement en état de guerre. La zone démilitarisée (DMZ) entre les deux Corée est la dernière cicatrice de la guerre froide.
Toutefois, le rétablissement, le 11 décembre 2007, d'une liaison régulière pour le fret entre les deux Etats coréens de part et d'autre de la frontière ouvre l'espoir d'une réunification ferroviaire de la Corée, prélude au désir de tous les Coréens de vivre dans un seul et même Etat. Et les intérêts économiques évidents d'un désenclavement de la Corée du Sud - aujourd'hui dépourvue de liaison terrestre avec le reste de l'Eurasie -par une nouvelle "route ferroviaire de la soie", selon le mot de l'ancien président sud-coréen Kim Dae-jung, répondront alors à l'ambition du peuple coréen de retrouver une unité ancienne de quatorze siècles.
Après cette première manifestation à Dijon, le comité régional de l'AAFC-Bourgogne entend conduire d'autres événements pour mieux faire connaître la culture coréenne dans notre région, en invitant toutes celles et tous ceux intéressés à prendre contact avec l'AAFC-Bourgogne.
Le DVD du film est disponible à compter du vendredi 29 août au café les Trois Coups, au prix de 14 euros. Photos Adeline Morin.