La vie et l'oeuvre de Han Hung-su ont été redécouverts grâce aux travaux d'Andreas Schirmer et Jaroslav Olsa, qui ont mis en évidence l'apport fondamental de ce chercheur aux études coréennes en Europe, et tout particulièrement en République tchèque. Portrait.
Le peu de sources iconographiques sur Han Hung-su est à l'image de ce que l'on a trop longtemps su de cet universitaire coréen, qui a pourtant été l'un des précurseurs non seulement des études coréennes en Europe, mais aussi de l'archéologie contemporaine en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), très tôt engagé dans le mouvement pour l'indépendance de la Corée, dans les rangs communistes.
Han Hung-su est né le 29 septembre 1909 à Kaesong, dans une famille aisée. Comme beaucoup d'enfants de la bourgeoisie coréenne, il a alors dû aller au Japon pour poursuivre ses études supérieures - mais il y a peu des sources sur son séjour à l'université Sophia (1930-1936).
Après son arrivée en Europe en 1936, il publie dans Chindan Hakpo et Pip'an, ainsi qu'un récit de voyage en Europe dans plusieurs numéros du Chosun Ilbo en mars 1937.
En 1938, il rejoint l'université de Berne pour un an, avant de rejoindre Fribourg où il obtient son doctorat en 1940. C'est aussi vers 1940 qu'il rédige une étude non publiée, en anglais, sur les monuments mégalithiques coréens.
Il commence de travailler au Musée d'ethnologie de Vienne en août 1941, puis concurremment à partir de 1942 à l'Institut oriental de Prague - où il engage l'important travail de catalogue des collections, grâce à sa maîtrise non seulement du coréen, mais aussi du chinois et du japonais. C'est en Tchécoslovaquie qu'il s'établira après la fin de la Seconde guerre mondiale.
Travailleurs indépendant, donnant aussi des cours de langue (dont le coréen), il est alors à l'origine d'un très important travail de traduction d'auteurs coréens en allemand et en tchèque, ainsi que d'auteurs allemands et tchèques en coréen, y compris des textes contemporains, comme le roman Taeha de Kim Nam-chon (1947 et 1950, Prague) - premier roman moderne coréen publié dans une langue européenne.
Il est aussi l'auteur d'études sur la Corée, comme une histoire de la Corée (y compris sociale et culturelle) en allemand en 1947-1948 qui fera longtemps référence, et une Histoire de la Corée hier et aujourd'hui publiée à Prague en 1949.
C'est en 1948 qu'il retourne dans son pays, comme enseignant à l'université Kim Il-sung de Pyongyang. En tant que premier président de la commission pour la préservation de la propriété culturelle en RPDC, il a joué un rôle déterminant comme auteur, chercheur et dans la mise en place d'un réseau de musées. On perd sa trace en avril 1952 - ce qui conduit Andreas Schirmer et Jaroslav Olsa à en déduire que Han Hung-su et ses proches sont alors écartés de toute responsabilité importante - son nom n'étant plus cité parmi les précurseurs des études archéologiques et de conservation du patrimoine en RPDC (rôle qu'il a toutefois plus longtemps assumé en Europe qu'en Corée).
Source :
commenter cet article …