Au sein de la communauté coréenne d'Allemagne, très impliquée dans les luttes sociales et politiques des Sud-Coréens, à côté de la figure du compositeur Yun Isang émerge celle du philosophe et sociologue Song Du-yul (photo ci-dessous) : présent dans tous les combats de la gauche coréenne, de la lutte contre la dictature au combat pour la réunification de la péninsule, il a aussi été l'une des bêtes noires de la droite conservatrice et, à ce titre, l'une des victimes des services secrets sud-coréens, de sinistre réputation.
Né à Tokyo en 1944, Song Du-yul accompagne ses parents à Kwangju lors de leur retour en Corée après la libération de l'occupation japonaise. Etudiant à l'Université de Séoul, il obtient ensuite la possibilité de poursuivre ses études en Allemagne de l'Ouest après 1967 : à l'Université de Francfort, il commence à préparer - puis soutient en 1972 - un doctorat de philosophie sur la compréhension de l'Asie chez Hegel, Marx et Weber. Le jeune docteur devient ensuite enseignant à l'Université libre de Berlin.
L'année 1973 est celle de son premier voyage en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), où il se rendra une vingtaine de fois. C'est alors l'époque de l'Ostpolitik du chancelier Willy Brandt, et en Corée aussi de nombreux jeunes de sa génération placent leurs espoirs dans une réunification de leur nation qu'ils espèrent prochaine, après la coup de tonnerre de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 juillet 1972. En 1991, Song Du-yul a rencontré à Pyongyang le Président Kim Il-sung, et il a fait partie des très rares étrangers d'ethnie coréenne à participer à ses funérailles en juillet 1994 (l'année précédente, Song Du-yul avait acquis la nationalité allemande).
En Allemagne, il a relayé les combats des progressistes sud-coréens. Après la répression du soulèvement de Kwangju, en 1980, il a organisé une marche qui a rassemblé, à Berlin, 1.500 participants.
Son désir de revenir au Sud de la péninsule lui vaudra de nombreux déboires avec les défecteurs nord-coréens devenus proches de l'extrême-droite et des services de renseignement. En 2001, il gagne un procès contre Hwang Jang-yop qui l'avait accusé d'être un membre clandestin du Parti du travail de Corée (du Nord) sous le nom de Kim Chol-su : le jugement conclut qu'il n'y a pas de preuves valables à la base de telles assertions.
Enfin de retour en Corée du Sud, en septembre 2003, à l'invitation de la Fondation coréenne pour la démocratie, il était prévu qu'il rencontre le Président Roh Moo-hyun (démocrate). Mais le 3 octobre il est arrêté pour des faits d'espionnage et appartenance à une organisation ennemie. Condamné en première instance, le 3 avril 2004, à une peine de prison de sept ans, son jugement soulève une tempête de protestations parmi les ONG de défense des droits de l'homme, comme Amnesty International. Après avoir fait appel, Song Du-yul bénéficie - enfin - du soutien du gouvernement allemand, qui obtient son retour vers l'Allemagne le 5 août 2004.
Par son parcours et sa vie, Song Du-yul a incarné les combats d'une génération de Sud-Coréens progressistes.
Autres articles sur ce thème sur le blog de l'AAFC-Bourgogne :
- sur Yun Isang : http://www.aafc-bourgogne.org/article-25792227.html
- sur les Coréens d'Allemagne : http://www.aafc-bourgogne.org/article-23233362.html
Principale source : wikipédia http://en.wikipedia.org/wiki/Song_Du-yul
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