L'élection présidentielle sud-coréenne du 19 décembre 2012 a vu la victoire de la candidate conservatrice Mme Park Geun-hye, malgré des contestations portant notamment sur la centralisation des résultats. En revanche, parmi les Coréens de l'étranger qui votaient pour la première fois à une élection présidentielle depuis plus de quatre décennies, le scrutin a vu la nette victoire de son adversaire de centre-gauche, le démocrate Moon Jae-in (56,38 % contre 42,55 % à Park Geun-hye). Une avance toutefois insuffisante pour inverser les résultats dans la seule péninsule, au regard notamment du faible nombre de Coréens d'outre-mer inscrits sur les listes électorales et ayant participé à l'élection.
Un peu plus de 158.000 Sud-Coréens de l'étranger ont participé à l'élection présidentielle du 19 décembre 2012. Parmi eux, une majorité (89.192, soit 56,38 %) ont choisi le candidat de centre-gauche Moon Jae-in. Park Geun-hye a été largement distancée dans cet électorat (67.319 voix, soit 42,55 %) tandis que les autres candidats ont glané à eux quatre 1,07 %, soit toutefois plus du double de leurs scores cumulés au niveau national (0,4 %).
Au regard de ces résultats, on peut comprendre pourquoi le général Park Chung-hee, père de Park Geun-hye, avait supprimé le droit de vote des Coréens de l'étranger alors qu'il dirigeait la junte au pouvoir à Séoul : en dehors de la péninsule, les Coréens d'outre-mer étaient et restent moins dépendants des médias conservateurs et des relais sociaux de la droite, comme les Eglises protestantes, l'armée et les services de renseignement.
Par ailleurs, alors que les médias étrangers s'étaient alarmés de la possible victoire de la "fille du dictateur", selon leurs termes, en Corée du Sud les médias publics et proconservateurs, ultra-dominants, se sont employé à gommer cet aspect de la candidature Park Geun-hye. Il est évident que ce regard de l'étranger a pu peser sur le choix des Coréens vivant en dehors de la péninsule.
Des facteurs structurels ont aussi joué : les Coréens d'outre-mer sont plus jeunes que la population qui réside en Corée, et comptent en leur sein un nombre important d'étudiants. Or la victoire de Park Geun-hye résulte déjà d'un effet générationnel : les plus de 50 ans l'ont soutenue majoritairement, avec une très nette avance parmi les retraités, quand les plus jeunes - par ailleurs plus abstentionnistes - ont choisi son adversaire de centre-gauche.
Si les Coréens d'outre-mer forment une population estimée à plus de 5 millions de personnes (dont, certes, tous n'ont pas la nationalité coréenne), on relève enfin que moins de 160.000 d'entre eux ont voté au scrutin du 19 décembre 2012, un grand nombre ne s'étant pas même inscrits sur les listes électorales. L'avance de moins de 14.000 voix de Moon Jae-in dans cet électorat n'a ainsi été que d'un faible poids pour compenser un retard national de l'ordre de 1,1 million de voix, mais n'aurait en tout état de cause pas suffi à inverser le résultat quand bien même les électeurs auraient été des dizaines de fois plus nombreux à voter à l'étranger. Il n'en demeure pas moins que l'apathie de la campagne présidentielle sud-coréenne à l'étranger a contribué à amplifier la victoire de Mme Park.
Source pour les résultats : commission électorale nationale sud-coréenne (en coréen).
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