Le comité régional Bourgogne de l'AAFC poursuit son tour du monde des Coréens d'outre-mer. Après les Coréens de Chine, il présente aujourd'hui la communauté coréenne numériquement la plus importante en Amérique du Sud : les Coréens du Brésil.
Forte de 38.131 personnes, en 1995, selon les statistiques du ministère sud-coréen des Affaires étrangères, la minorité coréenne du Brésil est numériquement la plus importante des communautés coréennes vivant en Amérique du Sud, devant l'Argentine (32.387 Coréens). La majorité vivent dans les zones urbaines, et notamment les grandes villes, au premier rang desquelles Sao Paulo.
La présence coréenne au Brésil est récente : c'est en 1956 que 50 Nord-Coréens et 5 Coréens chinois, ne voulant choisir ni la Corée du Nord ni la Corée du Sud au lendemain de la guerre de Corée (1950-1953), s'établissent au Brésil, après avoir transité par l'Inde. Ils formeront un grand nombre des futurs dirigeants de la communauté coréenne du Brésil, suite à la promulgation de la loi sud-coréenne sur l'émigration de 1962, laquelle a autorisé les départs légaux de Coréens en dehors de la péninsule.
Le 18 décembre 1962, 92 Coréens appartenant à 17 familles quittèrent le port de Pusan pour le Brésil, où ils arrivèrent à Santos le 12 février 1963, après des escales à Hong Kong, au Cap et à Rio de Janeiro . Si le gouvernement sud-coréen avait prévu qu'ils s'établissent comme paysans, tant leur manque de connaissance des méthodes d'exploitation agricole à grande échelle qu'un environnement naturel hostile les conduisit, en fait, à se disperser, en majorité, dans la banlieue de Sao Paulo, et pour d'autres dans une ferme japonaise.
Pareille déconvenue attendit les deuxième, troisième et quatrième vagues de migrants. Ce ne sont que les Coréens de la cinquième vague de migration qui purent enfin s'établir comme paysans, avec le soutien de l'Eglise catholique.
En 1967, la communauté coréenne du Brésil s'élevait à 2.000 personnes, dont un tiers de vendeurs de vêtements ou de cordonniers, un tiers de marchands de fruits et légumes, et un dernier tiers travaillant dans des restaurants. Comme les candidats à l'émigration ne pouvaient emporter qu'une somme limitée d'argent et un peu de vêtements, la vente d'habits s'imposa souvent comme une nécessité. La plupart occupaient des métiers plus qualifiés, notamment intellectuels, en Corée.
Les années 1970 et 1971 marquent une accélération dans les migrations de Coréens vers le Brésil, où s'installent plus de 2.000 personnes, qui choisirent souvent le commerce de vêtements, en établissant à présent des liens avec des fournisseurs à Séoul. Le commerce de vêtements à Sao Paulo est aujourd'hui dominé par les entreprises des Coréens du Brésil.
Les Coréens du Brésil, dont beaucoup ont d'abord vécu dans les bidonvilles, représentent ainsi un exemple d'intégration sociale réussie. Ils se sont organisés en associations de résidents et en associations spécifiques (pour les jeunes, les femmes et le sport) ,dont l'organisation rappelle celle des Coréens des Etats-Unis.
Comme en Corée du Sud, les familles investissent fortement dans l'éducation de leurs enfants, dont elles financent - quand elles en ont les possibilités - des études aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. Beaucoup choisissent de rester dans ces pays.
Outre la minorité coréenne du Brésil, des Nord-Coréens travaillent également au Brésil, suivant un cadre défini par accord inter-gouvernemental, notamment dans le commerce international.
Principale référence bibliographique : Lee Kwang-kyu, Overseas Koreans, Jimoondang Publishing Company, Séoul, 2000, collection Korean Studies, n° 19. ISBN 89-88095-18-9.
commenter cet article …