La minorité coréenne de Chine est issue de plusieurs vagues de migrations, dont la plus ancienne est économique : en 1875, le gouvernement chinois leva l'interdiction pour les Coréens de s'établir de l'autre côté des fleuves Tumen et Yalou qui délimitaient, déjà, la frontière sino-coréenne. C'était le début de l'implantation des Coréens en Chine, où ils constituent aujourd'hui une des cinquante-cinq minorités nationales de la Chine, forte de plus de deux millions de membres.
Pendant des millénaires, la frontière sino-coréenne n'a existé que sur le papier : en cas de difficultés économiques suite à une mauvaise récolte, les Coréens n'hésitaient pas à franchir les fleuves Tumen et Yalou pour s'établir sur les terres, plus fertiles, relevant de l'empereur de Chine. Mais la dynastie impériale au pouvoir interdit, à partir de 1628, l'installation sur cette partie de son territoire considérée comme sacrée. Les migrations n'étaient plus dès lors que temporaires, le temps d'une saison agricole.
Mais de plus en plus affaiblie face aux puissances européennes, et notamment la Russie, la Chine dut lever en 1875 l'interdiction d'établissement dans cette partie de son territoire que les Coréens appelaient Kando, et où ils étaient nombreux à se réfugier depuis la famine de 1869. L'interdiction fit alors place à la réglementation : la loi relative à la réglementation du commerce des Coréens de la province de Jilin, promulguée en 1883, ouvrit trois zones au commerce coréen transfrontalier et autorisa leur établissement pour cultiver la terre - principalement le riz - dans une bande de terres longue de 350 kilomètres et large de 25 kilomètres.
En 1907, on comptait alors 50.000 Coréens sur le territoire de l'actuelle province autonome de Yeonbyeon, où ils étaient quatre fois plus nombreux que les Chinois. Mais cultiver la terre ne signifiait pas la posséder, et les paysans coréens étaient soumis à une très lourde imposition, ainsi qu'à l'obligation d'adopter un mode de vie chinois - notamment dans l'habillement et la coiffure.
Dans ce contexte, le gouvernement coréen dépêcha un officiel - Yi Bom-yun - comme ambassadeur dans la province de Kando pour connaître la situation des Coréens et les protéger contre les mauvais traitements qu'ils enduraient des propriétaires chinois. Mais l'indépendance coréenne touchait à sa fin, et le contexte de la colonisation japonaise entre 1910 et 1945 devait bientôt rebattre les cartes : le foyer de peuplement coréen en Chine allait devenir l'une des bases de la résistance à l'impérialisme, les réfugiés politiques et les combattants pour l'indépendance grossissant désormais les rangs des réfugiés économiques : en 1910, près de 110.000 Coréens vivaient désormais en Chine.
Principale source :
- Lee Kwang-kyu, Overseas Koreans, Jimoondang Publishing Company, Séoul, 2000, collection Korean Studies, n° 19. ISBN 89-88095-18-9.
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