Il sera bientôt possible de pratiquer le Hapkido dans la région dijonnaise, un club ouvrant le 3 novembre 2016 à Fontaine-Française. L'AAFC Bourgogne - Franche-Comté a rencontré le fondateur du club, Alexandre Soret, qui nous a donné un entretien très riche permettant de mieux connaître le Hapkido. Nous souhaitons plein succès au club de Fontaine-Française.
Bonjour Alexandre Soret. Vous allez ouvrir un club de Hapkido dans l'agglomération dijonnaise. Tout d'abord, pouvez-vous nous dire en quelques mots ce qui caractérise le Hapkido par rapport aux autres sports martiaux, notamment les sports martiaux coréens, comme le Taekwondo, qui compte 50 000 pratiquants en France ?
Bonjour à vous et tout d’abord merci pour me donner l’opportunité de parler de Hapkido…. mais en quelques mots, ça va être compliqué !
Pour beaucoup, le Hapkido est soit un dérivé soit une sorte de complément au Taekwondo,, ce qui est loin d’être le cas.
Le Hapkido est un art martial à part entière qui a son histoire et son évolution.
Pour faire simple sur son histoire, il est né de la fusion d’un art martial japonais - le Daïto Ryu - et le taekyon, art martial traditionnel coréen. Ce « mélange » a été crée par la Grand Maître (GM) Choi Yong-sul, Coréen orphelin qui a été emmené au Japon alors qu’il était très jeune. C’est là-bas qu’il a appris le Daïto Ryu. Il créera alors le Yu Kwon Sul en mélangeant Daïto et Ryu.
C’est le Grand Maître Ji Han-jae, élève du GM Choi, qui lui donnera le nom de Hapkido que l’on peut traduire par « la Voie de L’union des Energies ». Et cela ne date « que » des années 1950-60 ! Autrement dit, le Hapkido, bien que possédant des bases traditionnelles anciennes, est très moderne !
Il s’agit d’un art martial de self-défense. Et j’insiste sur art martial et non sport de combat. On peut avoir plein de raisons différentes de pratiquer le Hapkido : apprendre à se défendre bien entendu, se dépenser, repousser ses limites, etc… mais il ne s’agira aucunement de faire un sport, marquer des points….
On travaille sur des situations réelles d’agressions de toutes formes : saisies diverses, étranglements, coups de poings et coups de pieds, défense sur attaque au couteau ou sur menaces d’arme à feu…. C’est très complet et comme je l’ai déjà dit, très moderne. Nous n’avons pas de poumsés comme au Taekwondo. Il y a aussi plus de coups de pieds qu’au Takwondo car il y des coups de pied bas. Les coups de pieds ne sont d’ailleurs pas travaillés de la même manière : par exemple au Taekwondo, le coup de pied retourné va être porté avec le dessous du pied et en repliant vite la jambe pour marquer un point alors qu’au Hapkido, on frappe avec le talon en tendant la jambe à l’impact pour plus de puissance.
Le Hapkido correspond à une philosophie et à une éthique propre à la Corée...
Je n’ai pas étudié cela au niveau philosophique, mais je pense que, de par son histoire, la Corée a toujours eu besoin de s’affirmer car coincée entre deux grandes puissances de l’Asie que sont la Chine et le Japon. Elle a été en quelque sorte « rabaissée » lors des invasions de l’une ou l’autre ce qui a forgé l’état d’esprit des Coréens.
En plus, compte tenu des tensions entre Nord et Sud, il y a en permanence cet état d’esprit qui fait que le coréen est toujours sur ses gardes.
Les Coréens sont fiers de ce qui vient de la Corée et veulent le mettre en avant.
Il y a plusieurs styles de Hapkido. Lequel pratiquez-vous ?
Je fais partie de l’école Jin Jung Kwan (JJK). Elle a été créée par le GM Kim Myong-yong, un des douze premiers élèves de JI HAN JAE qui créeront les douze premières écoles de Hapkido en Corée.
Aujourd’hui, le GM Kim est installé au Etats Unis. Il a laissé la direction de l’école en 1976 au GM Lee Chang-soo.
Effectivement, il y a plusieurs styles de Hapkido, plusieurs écoles. Étant donné que les bases sont communes, on va retrouver une grande partie de techniques identiques dans l’idée mais c’est dans la réalisation qu’elles vont différer.
A la Jin Jung Kwan, les clés sont effectuées avec des déplacements très courts et rapides. Pour aller à l’essentiel ! Alors que d’autres écoles vont faire plus de déplacement en cercle.
En allant sur notre site Internet vous pourrez trouver des vidéos qui mettent en valeur l’efficacité et la rapidité des techniques.
Vous-même, comme en êtes-vous venu au Hapkido ? Quel est votre parcours ?
Comme beaucoup en France, j’ai fait un tout petit peu de judo en étant enfant et un peu d’aïkido un peu plus tard. Mais je n’ai pas accroché plus que cela.
En revanche, il y a quelques années, j’ai croisé la route de Maître Raphaël Couet - 7ème Dan JJK ( à l’époque il était "Sa Bom Nim" - 4ème Dan JJK). J’avais appris qu’il pratiquait un art martial et pour rigoler, je suis allé le « provoquer » … grosse erreur…. Il m’a démontré très rapidement l’efficacité du Hapkido. Mes cervicales s’en souviennent encore ! Il m’a donc proposé de venir faire un cours et voilà. Je peux dire que je suis « un pur produit Jin Jung Kwan » sans additif, sans conservateur !
Je n’ai d’abord pu faire qu’un cours par semaine car je ne me remettais pas assez vite des courbatures avec tous ces coups de pieds ! Puis, au bout de quelques semaines, j’ai commencé à faire deux puis trois entraînements par semaine. J’étais tombé dedans ! C’était au mois de mai 2003.
A la rentrée suivante, vers le mois d’octobre il me semble, j’ai fait mon premier stage avec le GM Lee Chang-soo. J’ai tout de suite adhéré au Hapkido. En plus, grâce à une certaine souplesse et aussi à mon côté « tête brûlée », j’ai eu quelques facilités pour les coups de pieds et les chutes.
En 2004, je suis parti deux fois en Corée avec Maître Couet, pour m’entraîner directement au dojang du GM Lee Chang-soo. J’ai été baigné dans la culture coréenne en pratiquant du Hapkido à raison de 2 ou 3 entraînements intensifs par jour.
J’ai commencé à suivre Maître Couet aux différents clubs où il donnait des cours.
J’ai passé ma 1ère Dan JJK en 2005 à Saint-Didier aux Monts d’Or (le club où je suis licencié et dont dépendra le club de Fontaine-Française), devant le GM Lee Chang-soo.
Quelques jours plus tard, il m’a pris en partenaire pour une démonstration à Lyon lors d’un grand festival d’arts martiaux …Beau baptême du feu, car que ce soit en cours, en stage ou en démonstration, le GM ne triche jamais sur les techniques et sur les contrôles au sol ! Mais c’est un honneur de lui avoir servi de partenaire car cela veut dire qu’on est plutôt un bon chuteur, ce qui est important dans la pratique du hapkido.
J’ai passé ma 2ème Dan JJK en Corée, toujours devant le GM Lee Chang-soo lors d’un 3ème voyage avec Maître Couet.
Lors de ce voyage, je lui ai servi de partenaire pour une démonstration que nous avons faite devant les Hapkido-in de la Sun Moon University, entre autres.
Par la suite, les raisons professionnelles et aussi deux opérations au genou m’ont un peu éloigné des tapis … mais la devise de notre école est « Ji in kang », ce qui veut dire « Sois fort et persévère dans la voie que tu as choisie »… cela voulait dire que je ne pouvais pas faire autrement que de revenir, mettre le dobok et essayer de faire progresser encore plus le Hapkido en France.
Vous avez déjà contribué au développement du hapkido dans d'autres villes françaises...
Oui et non. Nous avons participé à des stages avec d’autres maîtres de la Fédération française de Taekwondo et disciplines associées (FFTDA) pour essayer d’uniformiser les programmes mais c’est un monde un peu … compliqué. Je ne suis pas assez au courant des choses pour me permettre d’en parler.
Je peux plus facilement parler de notre école qui s’est développée dans plusieurs villes : à Saint-Etienne avec Maître Steve Arnone, à Fontenay-sous-Bois avec Diego Rodriguez, à Orléans avec Alexandre Boubault, à Montauban et Toulouse avec Nicolas Happ, plus tous les clubs de la périphérie lyonnaise.
Mais il y a aussi un développement européen : Espagne, Portugal, Pays-Bas, Hongrie, Suisse et dernièrement, des pratiquants italiens et suédois ont fait le choix de rejoindre la JJK. Il y a même un club en Russie !
Pour la majorité de ces clubs, aussi bien en France que dans les autres pays, les instructeurs pratiquaient du Hapkido dans un autre style, d’une autre école, mais ont fait le choix de nous rejoindre, tout en se remettant en question et en acceptant de repartir de plus bas qu’ils étaient … ce qui n’est pas toujours le cas. Je pense à Maître Alvaro Sanz en Espagne qui est plus âgé que Maître Couet mais qui a fait la démarche de rejoindre notre école et de revoir tous les programmes en commençant par la ceinture blanche. Cela force le respect.
Pour en revenir à votre question, je dirais qu’en accompagnant Maître Couet ici et là ou en participant à des démonstrations, j’ai peut-être participé à développer le Hapkido en France.
Où en est la pratique actuelle du hapkido en Bourgogne - Franche-Comté en général, et dans l'agglomération dijonnaise en particulier ? Pourquoi le choix de Fontaine-Française ?
Pour ce qui concerne la Bourgogne - Franche Comté, je m’y suis un peu intéressé récemment. Depuis que j’ai eu l’idée d’ouvrir un club, j’ai regardé ce qui était proposé en fait. Je voulais voir si je pouvais éventuellement proposer « mes services » à un club de Taekwondo (TKD) … et j’ai pu voir qu’il n’y avait qu’un club sur Dijon et rien d’autre. Apparemment, un deuxième a ouvert dernièrement.
La ligue de Bourgogne au niveau du TKD est quasiment la plus petite de France.
J’ai vu qu’il y avait aussi un club TKD du côté d’Arc-lès-Gray mais niveau Hapkido, il n’y aurait qu’un club en Saône-et-Loire mais je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations.
Autrement dit, je suis un des rares en Bourgogne et le seul dans la région de Dijon. Il y a eu un stage de fait début 2016, mais pas de club à proprement parler. Je prends une place vacante !
Pourquoi Fontaine-Française ? Parce que c’est le seul endroit où j’ai pu avoir une salle qui reste dans un délai de route raisonnable entre la fin du travail et des horaires convenables pour la pratique. On verra ce que l’avenir nous réserve.
Dites nous-en un peu plus sur le club qui va s’ouvrir.
Les cours auront lieu à la salle polyvalente de Fontaine-Française (route de Chazeuil) les jeudis soirs. De 19h à 20h30 ce sera le cours pour les ados et de 20h30 à 22h, pour les adultes.
Je débute les cours à compter du 3 novembre prochain, juste après les vacances scolaires.
Si tout se passe bien et qu’il y a un nombre de pratiquants intéressant, je pourrais même faire venir pour des stages Maître Couet voire même le GM Lee Chang-soo.
Je me verrais bien aussi accueillir, le temps d’un week-end, tous les instructeurs de la JJK pour la formation annuelle de l’école des cadres. Mais attendons de voir ce que le club va donner.
Merci Alexandre Soret.
Merci à vous. Je vous fais confiance pour diffuser l’information à toute la communauté coréenne de Dijon pour que j’aie un maximum d’adhérents !